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Takuro Osaka – Un nouveau point de vue sur le monde – Zéro G – 2003

Artiste

Première publication colloque Visibilité – Lisibilité de l’art spatial. Art et Gravité Zéro : l’expérience des vols paraboliques, en collaboration avec le festival @rt Outsiders, Paris, 2003

En 2000, le projet d’art spatial que j’ai proposé a été sélectionné pour faire partie des études de faisabilité de la NASDA (Agence nationale pour le développement dans l’espace au Japon). En mars 2002 et 2003, j’ai fait l’expérience de la microgravité en effectuant des vols paraboliques.

Ce projet m’a permis d’acquérir une meilleure connaissance de l’environnement spatial, notamment grâce à des interviews d’astronautes japonais ayant une expérience de la vie dans l’espace. Ils m’ont fait comprendre ce qu’ils attendaient d’un art spatial, à savoir un apaisement qui leur communique le plaisir de la création.

Je voudrais expliquer mon projet et rendre compte des résultats des expériences que j’ai vécues sur les vols paraboliques en mars 2002 et 2003.

” Toupie cosmique en spirale “

Avec cet objet, les hommes qui vivent dans l’espace peuvent établir un lien entre la structure en hélice double de l’ADN et le mouvement hélicoïdal de l’univers, tout en ayant plaisir à contempler la beauté de l’objet.

” Cloche éolienne cosmique “

Il s’agit d’une cloche éolienne en gravité zéro, qui émet des sons venant d’une cloche japonaise et de différents instruments frappés les uns contre les autres.

” Sculpture d’onde sonore “

Des liquides et de la poudre sont activés par des ondes sonores. Leurs formes changent et dessinent des motifs graphiques dans l’espace. C’est de ” l’art fluide ” dans l’espace en gravité zéro. Un haut-parleur émet des ondes sinusoïdales allant de 300 à 100 Hz.

L’artiste a pour vocation de voir le monde de différents points de vue.

Le fait que mes œuvres précédentes portent sur ” l’univers, la vie et la lumière ” m’a logiquement conduit à faire l’expérience de la microgravité. J’étais très enthousiaste à l’idée de faire l’expérience de l’apesanteur. C’était un rêve que je caressais depuis l’enfance. Néanmoins, cela n’avait rien de miraculeux, c’était tel que je me l’étais représenté. C’est plutôt le fait que je trouve naturel de flotter qui a été surprenant. Je me suis souvenu de ce qu’un astronaute japonais avait dit quand il était sorti de la navette spatiale pour aller réparer un satellite :

” Je ne ressentais aucune peur, quand je flottais dans l’univers. Cela me semblait très naturel d’être là. Il est tout à fait naturel que les êtres humains s’éloignent de la terre, et de penser qu’il faut le faire “.

Même avec ma petite expérience, j’ai ressenti la même chose que Doi. Et je n’ai pas l’impression que mon propos et mon sens des valeurs aient été modifiés par mon expérience de l’apesanteur.

Il me semble que mes idées et mon système de croyance sont devenus plus clairs. L’astronaute Chiaki Mukai a dit qu’après avoir été en apesanteur, elle avait été capable de ressentir la beauté de la parabole alors qu’elle jetait quelque chose dans une poubelle. Une expérience extraordinaire révèle la beauté du quotidien, et montre qu’elle peut fonctionner comme une méthode pour mieux comprendre la vie de tous les jours.

Loin de nuire à notre sens des valeurs, cette expérience nous fait découvrir un autre point de vue. Elle offre des opportunités non seulement pour l’art mais pour le travail créatif en général. Par la méditation et la réalisation d’œuvres dans un environnement en apesanteur, je pense que le monde des humains peut être considéré d’un point de vue différent. Si le sens de notre existence et notre nouveau mode de vie peuvent être représentés dans une œuvre, ce qui est notre objectif, elle voudra vraiment dire quelque chose.

© Takuro Osaka & Leonardo/Olats, Octobre 2003, republié 2023