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Portraits planétaires

Jeudi 30 mars 2023
Cité Internationale des Arts
Auditorium
18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris
Horaire : 19h00 – 21h30
Entrée gratuite sur inscription

Sommaire :

Participants

Lily Hibberd - La planète Vénus – à sonder, à rêver, à connaître

La planète Vénus – à sonder, à rêver, à connaître

Venus: Sappho Patera, Lily Hibberd, oil on board, 2022, Image courtesy of the artist.

La planète Vénus est la plus proche voisine de la Terre, pourtant nous ne pouvons pas voir sa surface directement. Elle est au cœur des mythologies de la création de presque toutes les civilisations connues sur notre planète. Vénus a été aussi la limite des missions spatiales initiales. On a découvert qu’elle ressemble à la Terre, non seulement par sa taille, mais aussi par sa composition et sa forme. Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles elle est popularisée comme notre planète «sœur». C’est néanmoins étonnant que Vénus ait été largement négligée par la science spatiale au cours des 50 dernières années. Aujourd’hui, il y a un regain d’intérêt pour cette planète avec une nouvelle série de missions d’exploration de Vénus qui seront lancées par l’ESA et la NASA au cours des prochaines années. L’une des autres originalités de Vénus est la décision pris en 1979 par l’union astronomique internationale (IAU) de nommer les caractéristiques topographiques de Vénus d’après le nom de femmes qui sont des figures historiques ou mythologiques. Depuis 2021, Lily Hibberd a exploré plus que 100 sites de la surface de Venus, et l’histoire de leurs homologues féminins, par le biais de scènes peintes. Ces paysages étrangement détaillés s’inspirent des images connues sous le nom de radar d’aperture synthétique (SAR) prises par les sondes spatiales de Mariner 10 et Messenger de la NASA en 1974 et 2007.
Dans cette Rencontre LASER Paris, Lily Hibberd nous convie à une rencontre avec Vénus dans cette double dimension : notre planète jumelle qui pourrait nous apprendre des choses sur la Terre et sur nous-mêmes et un monde étrange peuplé de femmes.

Lily Hibberd

Portrait of Lily Hibberd, photo © Lucy Parakhina, 2014

La pratique interdisciplinaire de l’artiste australienne Lily Hibberd aborde les questions du temps et des marges de la mémoire historique. Elle travaille souvent avec des communautés pour reconnecter les peuples, les mémoires et les histoires oubliés. Elle a également collaboré avec des astrophysiciens et des physiciens ainsi que des commissaires de collections et d’archives scientifiques. Parmi ses projets récents, First Light en 2015 est une exposition au Musée des arts et métiers à Paris qu’elle a réalisée autour des origines méconnues de la captation de la lumière à travers les collections du CNAM. Une autre exposition en 2015 intitulée β Persei a été présentée sous la forme d’un portait de l’étoile binaire «β Persei» pour réaliser un portrait collectif des femmes astronomes de l’Observatoire de Paris depuis 1671. En 2016, Lily a été artiste en résidence au sein du laboratoire de l’Extreme Light à Édimbourg d’où elle a réalisé l’exposition Data Horizons autour des effets exotiques de la lumière pour l’Edinburgh International Science Festival de 2017. Le rapport entre le genre et l’espace était également central dans son projet Female Computers, créé pour la Biennale de Sydney de 2020, pour lequel Lily a réunît les histoires des femmes astronomes méconnues ainsi que les objets cosmiques portant les noms de femmes ou bien des noms non-binaires.

Alice Le Gall - Titan démasqué : Portrait d’un satellite sous les brumes

Titan démasqué : Portrait d’un satellite sous les brumes

Carte de Titan - Alice Le Gall

Titan, plus grosse lune de Saturne, est le seul satellite du système solaire à posséder une atmosphère dense. Sous une épaisse enveloppe de brume et à une température de -180°C, la surface de Titan, révélée par RADAR, abrite des dunes géantes, des lacs d’hydrocarbures, des montagnes et des rivières. Les paysages de ce monde glacé sont étrangement familiers et nous interrogent sur nos origines et la possibilité d’une vie ailleurs.

Alice Le Gall

Après une formation d’ingénieur (Supélec) et un Master d’Astrophysique à l’Observatoire de Paris-Meudon, Alice Le Gall a soutenu sa thèse de doctorat en 2007 sur l’auscultation du sous-sol de Mars par radar à pénétration de sol. Alice Le Gall a ensuite effectué un post-doctorat NASA de 3 ans au Jet Propulsion Laboratory (JPL), en Californie, au sein de l’équipe du RADAR de la mission Cassini avec pour principal objectif l’étude de la surface de Titan, la plus grosse lune de Saturne. Depuis 2011, elle est planétologue au LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Observations Spatiales) et enseigne à l’Université de Versailles Saint-Quentin (UVSQ). En 2018 elle a reçu la médaille de bronze du CNRS et est membre de l’Institut Universitaire de France (2018-2023). Ses travaux de recherche portent sur l’observation des surfaces et sous-sols planétaires (Mars, satellites glacés, comètes, Vénus) par sondage électromagnétique (radar, radiomètre, sonde de permittivité).
Elle est impliquée dans plusieurs missions spatiales passées ou futures (Cassini-Huygens, Rosetta, ExoMars, Dragonfly, EnVision) et programmes d’observations du système solaire depuis la Terre.

Dominique Genty - Spéléothèmes : archives des climats passés et outil de datation des cultures préhistoriques

Spéléothèmes : archives des climats passés et outil de datation des cultures préhistoriques

Stalagmite de la grotte de Gueldaman, Algérie (h = 35 cm ; 6200 – 4000 ans BP ; Genty, 2022) (photo, copyright D. Genty)

L’étude des spéléothèmes, terme qui désigne les concrétions calcaires que l’on trouve dans les grottes (stalagmites, stalactites, planchers stalagmitiques essentiellement), s’est considérablement développée au cours des deux dernières décennies. Elle constitue en quelque sorte une nouvelle science dont les objectifs sont multiples.
Le grand public connaît déjà l’importance des carottes de glace issues des calottes polaires ou encore des carottes marines, pour reconstituer les variations passées du climat. Ces archives climatiques sont souvent évoquées lors des débats sur les changements climatiques et ont été utilisées pour mieux connaître les causes naturelles des variations du climat. Cette connaissance est essentielle afin de modéliser l’évolution future du climat, dont on sait maintenant avec certitude que l’activité humaine le modifie profondément en raison des émissions de gaz carbonique et de méthane.
Mais peu de personnes encore savent que plus près de nous, en France, où les grottes sont nombreuses, les stalagmites peuvent également révéler d’une façon spectaculaire l’évolution du climat des millénaires passés. Grands cycles climatiques de l’ordre de 100000 ans, variations millénaires rapides du climat, événements abrupts, je montrerai, à travers quelques exemples choisis, comment est extraite l’information des spéléothèmes, permettant de reconstituer l’évolution du climat avec une grande précision temporelle. J’aborderai ensuite l’intérêt archéologique de ces objets qui ont permis de dater, par exemple, la plus ancienne construction au monde connue. Enfin, je montrerai l’aspect esthétique de ces objets scientifiques, déclinés en photographies haute-résolution, cyanotypes et daguerréotypes.
https://speleotheme.wixsite.com/paleoclimats

Dominique Genty

M. Dominique Genty, Directeur de Recherche au CNRS (Laboratoire EPOC -Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux, Université de Bordeaux), travaille depuis 25 ans sur les spéleothèmes (stalagmites, planchers stalagmitiques des grottes) pour reconstituer les climats anciens. Après un doctorat à l’université de Bordeaux, il a travaillé comme ingénieur en traitement numérique d’images pendant 3 années avant d’intégrer le CNRS en 1994, à l’université d’Orsay puis au LSCE, Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement. Ses recherches ont porté sur l’étude précise de la structure interne des stalagmites
(démonstration de l’annualité des couches souvent visibles sur les sections polies), sur les isotopes du carbone et leur lien avec la végétation comme marqueur de l’évolution du climat, sur les processus de transfert d’atomes du carbone entre la surface au-dessus des grottes et les spéléothèmes (en particulier sur les traces laissées par les essais nucléaires). Il a pu ainsi reconstituer l’histoire du climat à partir de stalagmites issues des plusieurs grottes du sud de la France. Parallèlement aux reconstitutions paléoclimatiques, D. Genty travaille en collaboration avec des archéologues pour dater les cultures préhistoriques (Chauvet, Bruniquel, Cussac entre autres). Passionné de photographie depuis l’âge de 14 ans, Dominique Genty n’a eu de cesse d’explorer les techniques les plus modernes comme les procédés anciens. Son parcours professionnel l’a ainsi amené à travailler dès les années 1980 avec les images numériques, tandis que sa passion pour l’histoire de la photographie l’a conduit à s’initier à la technique ancienne du daguerréotype, qu’il pratique à titre personnel depuis 2007.

Guillemette Legrand - Remaillages planétaires et interpolations cosmologiques : les limites et les possibles de la représentation du climat

Remaillages planétaires et interpolations cosmologiques : les limites et les possibles de la représentation du climat

Remaillages planétaires et interpolations cosmologiques , copyright image Guillemette Legrand

Cette présentation s’inscrit dans mon projet doctoral qui examine l’impact de l’iconographie climatique sur notre capacité à envisager la future organisation du monde. La recherche questionne les limitations de la description de la Terre comme un système et de la modélisation volumétrique comme seules possibilités pour faire face à la crise climatique.
Elle explore les réalités conflictuelles de la Terre comme un substrat biochimique, sa simulation et le(s) mondes(s) qui en émerge(nt) en mobilisant le dispositif technologique qui détecte et modélise la Terre. Mon hypothèse est qu’en utilisant le cosmogramme (une description d’une cosmologie) comme instrument de recherche, il est possible à la fois d’examiner le système technologique tel qu’il existe et également de recomposer une nouvelle théorie et pratique de la représentation climatique. Le projet cherche à créer un espace dans lequel d’autres disciplines peuvent intervenir, d’autres rapports d’échelles peuvent être créés et de multiples représentations peuvent co-exister.
Plus particulièrement, cette présentation explore les procédés de remaillage et de couplage qui existent dans la visualisation de la prédiction climatique. Ce processus de ‘planétarisation’ se matérialise par l’interpolation de différents environnements (océan, atmosphère etc.) et de différents systèmes de modélisation. Dans cette tentative de représentation totale de la planète, certaines régions ou cellules dans le maillage de modélisation apparaissent en haute définition et d’autres sont catégorisées comme ‘cellules fantômes’. Ces rapports de résolution pose la question de la possibilité de modéliser avec exactitude à l’échelle planétaire et du problème de lissage dans la visualisation du climat (comme les images de la bille bleue devenue rouge par les changements de température projetés par les différents scénarios du GIEC). Au travers d’une narration à la fois technique et conceptuelle de ce processus algorithmique, cette présentation s’interroge sur ce qui est créé, déformé et perdu et spécule sur d’autres modes de penser le remaillage planétaire par le biais d’une investigation artistique.

Guillemette Legrand

image Nathan Ceddia

Guillemette Legrand est une designer et artiste qui utilise des installations multimédias, des présentations expérimentales, des films et la fabrication de textiles pour mythifier le regard de la machine et matérialiser différentes imaginations du continuum humain-machine. En 2020, elle a initié le groupe de recherche Techno- Mythopoeia, qui cherche à réajuster la relation entre la connaissance scientifique et la représentation de la Terre au sein des imaginaires collectifs, en utilisant la fabrication de cosmogrammes comme instrument de recherche et de pratique artistique.

Elle est affiliée au groupe de recherche Reflective Interaction de l’EnsadLab.

Son travail a été exposé au V&A (Londres, UK), au V2_ Lab for the Unstable Media (Rotterdam, NL), à la 4ème Biennale d’Istanbul (Istanbul, TR), au LUMA (Arles, FR), au Design Museum (Londres, UK), parmi d’autres sites internationaux.
www.studiolegrandjager.com

Vidéos

Vous pouvez retrouver les vidéos de la rencontre sur Youtube (ci-dessous) et bientôt sur Vimeo

Annick Bureaud, Introduction, Portraits Planétaires

Lily Hibberd - La planète Vénus – à sonder, à rêver, à connaître

Alice Le Gall - Titan démasqué : Portrait d’un satellite sous les brumes

Lily Hibberd et Alice Le Gall, discussion

Dominique Genty - Spéléothèmes : archives des climats passés et outil de datation des cultures préhistoriques

Guillemette Legrand - Remaillages planétaires et interpolations cosmologiques : les limites et les possibles de la représentation du climat

Dominique Genty et Guillemette Legrand, discussion

Galerie

Partenaires

Programme créé par Leonardo/ISAST (https://leonardo.info/), LASER (http://www.leonardo.info/laser) (Leonardo Art Science Evening Rendez-vous) est un partage d’expériences autour de projets art-science dans des rencontres semi-formelles, hors du cadre institutionnel.
Rencontre LASER Paris co-organisée par Leonardo/Olats et La Diagonale Paris-Saclay, avec le soutien du programme Creative Europe de l’Union Européenne dans le cadre du projet “More-than-Planet” (https://www.more-than-planet.eu), en partenariat avec la Cité internationale des arts (https://www.citedesartsparis.net/)

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