Journée d’étude : Quel Corps Spatial ?
Sous la direction d'Annick Bureaud et Manuela de Barros
Mardi 26 octobre 2021
9h30 – 20h00
Centre Wallonie Bruxelles
127-129 Rue Saint-Martin, 75004 Paris
Entrée gratuite dans la limite des places disponibles
sur inscription
Sommaire :
Introductions
Introduction, Annick Bureaud
Directrice de Leonardo/Olats
Qui va dans l’espace ? Avec quel(s) corps ? Qu’est-ce que l’espace fait à ces corps ? Vols habités ou missions robotiques ? Cette opposition, largement stérile, est aussi vieille que l’astronautique, l’astronomie spatiale et la planétologie de terrain réunies. Vol habités, oui mais par qui ? Des robots, certes, mais de quelle nature ?
Le terme de « vol habité » fait surgir l’image d’humains de sexe masculin, la figure de ceux qui ont « l’étoffe des héros ». Ainsi, en 2019, la sortie extra-véhiculaire de la Station Spatiale Internationale par deux astronautes femmes pouvait encore engendrer le gros titre « All Women Crew » [équipe uniquement féminine]. C’est aussi laisser pour compte le zoo d’animaux de toutes sortes, les serres de végétaux divers et le vaste ensemble de micro-organismes qui accompagnent depuis toujours les Humains dans leurs périples extra-terrestres. Quant aux robots et aux sondes, à leurs corps non organiques sont associés, à distance, des pilotes humains et un ensemble de scientifiques répartis dans le monde entier —proposant ainsi une autre figure, collective, du cyborg.
Dans la lignée des rencontres organisées par Leonardo/Olats, en collaboration avec le programme de recherche de Manuela de Barros à l’Université Paris 8 et le CNEAI, cette journée d’étude associe des voix multiples et croisées d’artistes, de théoriciennes et de scientifiques pour une nouvelle approche de l’espace à l’ère de l’anthropocène qui prend le corps et les êtres dans une vision multidimensionnelle et évolutive.
Elle aborde la question du corps dans l’espace extra-terrestre entendu comme le corps humain dans toutes ses dimensions, le corps des non-humains vivants (animaux, plantes), les corps de substitution que sont les robots et les corps célestes inorganiques des astéroïdes et planètes.
Annick Bureaud est critique d’art et commissaire indépendante dans le domaine de l’art et des technosciences. Elle a écrit de très nombreux articles et contribue au magazine français d’art contemporain art press. Elle a organisé des symposia, conférences et ateliers parmi lesquels Visibilité – Lisibilité de l’art spatial. Art et gravité zéro : l’expérience des vols paraboliques, un projet en collaboration entre Leonardo/Olats et le Festival International @rt Outsiders, Paris, 2003. En 2018, elle a été la commissaire invitée du Festival Bandits-Mages à Bourges Réparer le tissu du monde. En 2019, elle est l’éditrice-commissaire de la capsule vidéo hypertexte de l’œuvre Neotenous Dark Dwellers – Lygophilia de Robertina Šebjanič. En 2020, elle a lancé le projet The Traveling Plant. Elle est la directrice de Leonardo/Olats.
Introduction, Manuela de Barros
Maîtresse de conférences en philosophie, esthétique et théorie des arts à l’Université Paris 8
Cette journée d’étude fait partie du projet de recherche intitulé « Extension du domaine du vivant et intelligence ouverte » porté par EurArtec et faisant partie du Master Écologie des arts et des médias de l’équipe de recherche TEAMeD de l’Université Paris 8 Vincennes à Saint-Denis. Les participantes y présenteront des travaux et des œuvres spécifiques à l’exploration spatiale, sujet qu’Annick Bureaud, co-directrice du projet, étudie et construit du point de vue de l’art depuis plusieurs décennies.
Pour ma part, cette journée s’inscrit dans une réflexion au long cours sur les rapports entre arts, sciences et technologies, et l’exploration des tensions, réactions ou organisations que cela apporte, qu’elles soient politiques, géographiques, mentales ou corporelles. C’est aussi la continuation d’une recherche sur le rapport entre sciences et fictions, et de ce que cette apparente opposition a de constructif et de fructueux pour la création, ainsi que pour penser le monde que nous habitons et celui de demain. Lors de cette journée, nous observerons que notre univers s’est étendu drastiquement grâce à la conjonction de la science, de l’art et de la pensée : autour de nous en embrassant les formes de vie multiples, hors de nous et de nos prétendus assignations biologiques ou culturels, et au-delà du berceau de la planète Terre.
Le corps dont il va être question, à partir à la fois de la découverte spatiale à proprement parler, de projets anthropologiques ou artistiques, et surtout de leur entrecroisement, pourra être une planète, une météorite, un corps humain modifié, une algue ou un robot.
L’objectif de cette journée d’étude est de montrer comment création artistique et recherche scientifique se répondent, notamment pour la réflexion sur les mutations et hybridations des nouvelles formes du vivant et de leurs environnements qui sont l’objet de ce projet de recherche.
Manuela de Barros est maîtresse de conférences en philosophie, esthétique et théorie des arts à l’Université Paris 8. Ses recherches portent sur l’esthétique de l’art contemporain et des nouveaux médias ; les relations entre les arts, les sciences et les technologies ; les modifications biologiques, anthropologiques et environnementales apportées par les technosciences ; les passages entre les sciences et les constructions fictionnelles (en art ou en littérature). Elle est l’auteur de plusieurs publications dont Magie et technologie (éditions UV).
Participantes
Participantes: Marie-Pier Boucher | Valérie Ciarletti | Kitsou Dubois | Ségolène Guinard | Flis Holland | Adriana Knouf | Minna Langström
Marie-Pier Boucher - Espèces de temps. Réflexions sur les (in)temporalités extra-terrestres
Espèces de temps. Réflexions sur les (in)temporalités extra-terrestres
Aborder le corps depuis des considérations cosmiques est un risque puisqu’il n’existe pas un corps unique depuis lequel se situer. Défini tour à tour comme normatif, malléable, décomposable, transformable, cryonisable voire même jetable, comme ce qui peut faire l’objet de domestication, de culture, d’élevage et de clonage, c’est-à-dire, conceptualisé en tant que sujet médical, organisme, vaisseau spatial, représentant de l’arche de Noé, extension des sens, cyborg, et simulation, le corps est un lieu de cartographies cosmiques sans fin. Or, le corps, nous rappelle Donna Haraway dans son fameux article Situated Knowledges, est un agent, et non pas une ressource à cartographier et à approprier. Comment alors saisir l’agentivité du corps spatial ? Afin d’éviter le piège de la “projection de désirs dangereux sur des corps étrangers” (Halberstam, 2018), Espèces de temps interroge le corps spatial à l’intersection de la matérialité et de la performativité. L’espace extra-atmosphérique est en effet un lieu où les corps sont rendus réels et possibles, actualisés tels que nous les connaissons et virtualisés dans leurs potentielles métamorphoses. Espèces de temps investi cette double réalité du corps à travers l’examen des nouvelles formes de temporalités qui émergent dans l’expérience de différents champs gravitationnels. Informé notamment par des comptes rendus et des témoignages d’artistes qui rapportent une sensation nouvelle du temps suite à l’expérience de différents gradients de gravité, Espèces de temps pose la question du corps spatial depuis un régime de la temporalité en interrogeant les matérialisations chrono-corporelles provoquées par l’espace extra-atmosphérique.
Marie-Pier Boucher
Maîtresse de conférences en Etudes des Médias à l’Institut de Communication, Culture, Information et Technologie + iSchool à l’Université de Toronto, Mississauga
Marie-Pier Boucher travaille sur l’exploration artistique des sciences et technologies, avec un focus spécifique sur le design d’environnements construits pour soutenir la vie dans des environnements extrêmes. Elle est co-éditrice de Being Material (MIT Press, 2019), Heteropolis (2013) et Adaptive Actions Madrid (2010). Boucher dirige le groupe de recherche Space Media au Centre McLuhan pour la culture et la technologie. Elle a exposé collectivement au Centre George Pompidou (2021), au Tokyo Wonder Site (2014), à la Galerie Leonard & Bina Ellen (2010) et à la Biennale de Madrid (2010). Ses résidences de recherche incluent: NASA, Johnson Space Center, 2014; Banff Centre 2011; l’Institut Max Planck pour l’histoire des sciences (2010) et SymbioticA: Centre d’excellence en arts biologiques (2006). Elle est actuellement Professeure adjointe à l’Institut de communication, culture, information et technologie (ICCIT) et à la Faculté d’information de l’Université de Toronto.
adaptiveactions.net – kosmicainstitute.com – instagram.com/adaptiveactions/
Valérie Ciarletti - À la recherche de traces de vie dans le sous-sol martien
À la recherche de traces de vie dans le sous-sol martien
La mission ExoMars de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en collaboration avec l’Agence Spatiale Russe Roscosmos qui partira vers Mars en 2022 a pour objectif principal la recherche de traces fossiles d’une éventuelle vie primitive. Si les conditions à la surface de Mars ont pu être favorables à l’apparition de la vie il y a plus de 4 milliards d’années, elles sont depuis longtemps devenues très hostiles et c’est donc dans le sous-sol de la planète que les recherches vont se concentrer. Le rover Rosalind Franklin de la mission ExoMars a été construit pour prélever dans le sous-sol, à une profondeur pouvant atteindre 2m, des échantillons et pour les analyser sur Mars grâce à son laboratoire embarqué. Afin de guider les opérations de forage vers des zones potentiellement intéressantes et sans danger pour la foreuse, le radar WISDOM a été conçu pour révéler au-delà de la surface la structure du sous-sol de façon non destructrice et comprendre l’évolution géologique de la zone étudiée.
Les différents instruments sélectionnés pour la mission ont été construits et sont maintenant intégrés au rover de la mission. Les équipes scientifiques se préparent à collaborer le plus efficacement pour mener à distance depuis la Terre cette enquête sur Mars.
Valérie Ciarletti
Directrice adjointe du LATMOS, Responsable scientifique du radar WISDOM pour la Mission ExoMars
Elle est professeur des universités à l’UVSQ (Université Versailles Saint-Quentin) et Directrice adjointe du LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Observations Spatiales), laboratoire au sein duquel elle mène ses activités de recherche. Après son diplôme d’ingénieur de l’ECP obtenu en 1984, elle a poursuivi par une thèse en propagation des ondes électromagnétiques dans les milieux naturels.
Elle s’intéresse, depuis une vingtaine d’années, au sondage des sous-sols des planètes et des petits corps du système solaire par des techniques électromagnétiques qui permettent de dévoiler les structures enfouies sous la surface. Elle est la responsable scientifique du radar WISDOM qui se posera en 2023 sur Mars avec la mission ExoMars et caractérisera le sous-sol des endroits visités par le rover de la mission.
Kitsou Dubois - Corps modifié en microgravité : complexité et paradoxes
Corps modifié en microgravité : Complexité et paradoxes
L’absence de gravité modifie la sensation du corps. Les appuis deviennent virtuels, le corps se dilate. Il oscille entre une hyper sensibilité et une perte de sensibilité. Il n’y a plus rien, pas de gravité, pas de support, rien que son corps et une sensation de mouvement infini. Surgissent alors des sensations paradoxales entre le vide et le plein, l’absence et la présence, la perte et l’ancrage, le plaisir et la peur, la rapidité et la lenteur.
L’expérience de la microgravité crée à la fois une sensation d’immersion contenante comme être dans la matrice tout en étant dans un désordre environnemental dû à la perte des repères…
En tant que chorégraphe et chercheuse en danse, je revisite les gestes fondamentaux de la danse à partir de cette expérience d’un autre espace temps. Sa représentation sur terre questionne les pratiques de création (expérimentation en vol, dans l’eau, sur des agrès de cirque, avec des capteurs sensoriels), l’écriture chorégraphique (liée aux états de corps), l’espace scénique (immersion dans l’image et dans le son) et le glissement des formes artistiques (de la danse au cirque, en passant par les installations vidéos et les in-situ).
Il s’agit pour moi, d’« embarquer » le public dans un autre rapport au temps et à l’espace, en associant à la notion d’envol et de légèreté, les paradoxes et la complexité de cette expérience. En effet, le corps du danseur en microgravité est une formidable métaphore du corps contemporain. Nous sommes immergés dans des réseaux d’informations qui sont comme des terminaisons sensibles qui traversent notre corps. Celui-ci bien que pesant est comme soulevé, suspendu à ce monde qui nous entoure qui devient fluide voir liquide et qui nous échappe. Les appuis deviennent virtuels dans ce monde où la technique nous donne l’illusion d’être partout.
En mettant le corps dansant au centre de dispositifs qui créent des situations immersives, je fais ressentir aux spectateurs, par empathie corporelle, l’étirement du temps et l’expansion de l’espace. Mes spectacles ou mes installations invitent à voir et sentir avec son corps l’existence d’autres environnements et états d’être possibles, qui peuvent être à la fois très proches et très loin de nous.
Kitsou Dubois
Chorégraphe, chercheuse en danse, directrice artistique de Ki Productions. En 1990, elle devient la première artiste à faire l’expérience de l’apesanteur lors d’un vol parabolique avec le CNES (l’Agence Spatiale Française). Depuis, Kitsou a participé à 21 campagnes en vol parabolique.
Dans ses créations qui vont de chorégraphies pour la scène à des installations vidéo ou des productions hybrides, Kitsou se fonde sur son expérience et sa connaissance de l’apesanteur pour explorer le mouvement, la perception de l’environnement et aussi la sensation du temps, la relation à la matière et aux autres, et la poésie d’un environnement dont toutes les références familières semblent avoir été transformées.
Elle travaille avec des performeurs (danseurs et acrobates) dans des environnements où la sensation de la gravité est altérée : dans l’eau, en vols paraboliques, dans des environnements de réalité virtuelle (avec des capteurs sonores et sensoriels). Elle travaille également en collaboration étroite avec des chercheurs en science et technologie.
Dans son approche artistique, elle travaille, d’un point de vue du geste de la danse, sur la lisibilité d’un autre espace-temps, ‘ni lourd, ni léger”. Elle crée des œuvres oniriques troublant la perception du public. Les mouvements oscillent entre une perte du point de référence et l’ancrage. Une connexion s’effectue entre les corps des danseurs et ceux des spectateurs, unis dans un vertige commun.
Ségolène Guinard - Compos(t)er le corps spatial : vies humaines et non-humaines à l'intérieur de la capsule
Compos(t)er le corps spatial : vies humaines et non-humaines à l'intérieur de la capsule
Depuis les débuts du vol habité, de nombreuses agences spatiales et programmes de recherche ont envisagé d’utiliser des plantes et microalgues pour permettre le recyclage de l’atmosphère et de la matière organique à bord des stations spatiales, voire même la production de nourriture. Ces systèmes de support de vie qu’on appelle « bio-régénératifs » ajoutent aux composantes physico-chimiques abiotiques des systèmes de support de vie, les produits de l’activité d’autres êtres vivants –constituant ainsi des environnements artificiels multispécifiques.
Si ces habitats et expériences se sont surtout déployés sur Terre, donnant lieu à quelques expériences de culture végétale en milieu spatial, ils nous invitent à un exercice à la fois descriptif et spéculatif.
À partir de l’exemple de ces intérieurs hermétiques, et des voix recueillies autour de ces programmes de recherche, cette présentation propose une réflexion sur les formes de vie multi-spécifiques au sein des exo-mondes prothétiques que constituent les habitats spatiaux, processus auquel nous pouvons donner le nom d’existence capsulaire.
Ségolène Guinard
Doctorante en anthropologie à l’Université McGill et en philosophie à l’Université Paris 8.
Elle fait partie du groupe de recherche indépendant Stasis basé à Montréal, ainsi que du projet NébulX, revue en ligne rassemblant des travaux à l’intersection de la fiction et de l’anthropologie des technologies. Dans ses recherches, elle explore des questions liées à la vie dans les milieux extrêmes, de la fiction spéculative et de la critique radicale, ainsi que les pratiques de l’ethnographie sensorielle au travers du son et de l’image.
Flis Holland - Subserotic Bulge
Subserotic Bulge
En 2019, une météorite de fer a été réduite en poussière, mélangée à de la crème et donnée à manger à 36 personnes. Peu de temps après, des tumeurs se développèrent dans l’utérus de Flis. Le ventre se gonflait, poussé par un bloc de chair à une vitesse étonnante. De la première palpation au WebMD, en passant par les rayons X, tous les outils de diagnostic ont échoué. Mais le récit de Flis est assez différent des compte-rendus médicaux.
Subserotic Bulge est un documentaire qui vire à la science-fiction, et on ne sait pas toujours quelle partie est laquelle. La vidéo est la dernière d’une série dans laquelle Flis essaie d’explorer une nouvelle relation avec les météorites et les astéroïdes.
Au début des années 2000, Flis a commencé une carrière dans l’industrie spatiale, mais a perdu toute passion pour celle-ci après l’inconduite sexuelle d’un professeur. Leur spécialité était les systèmes de défense contre les astéroïdes. Maintenant, Flis réutilise l’un de ces outils : des microbes qui se nourrissent de roches en la bio-dégradant, évitant la crise – très lentement – en la digérant.
Flis Holland
Artiste, Académie finlandaise des beaux arts
Flis Holland (FI/UK) est une artiste qui utilise la science-fiction pour trouver de nouvelles façons de parler des crises. Ils travaillent avec des performances en direct, des vidéos et du texte. Parmi ses récents projets : une résidence à l’Institut culturel finlandais de New York (États-Unis), une exposition solo “Gravity Doesn’t Keep You Down I Do” à Kosminen (FI) et une vidéo “Subserotic Bulge” pour Frame (FI). Sa nouvelle sur la dépression “Sigh-fi” a été publiée par le journal Kontur.
Adriana Knouf - Enchevêtrements tranxxeno : de l'audace d'imaginer des personnes transgenres dans l'espace
Enchevêtrements tranxxeno : De l'audace d'imaginer des personnes transgenres dans l'espace
À notre connaissance, il n’y a pas eu de personnes transgenres dans l’espace. Pourtant, les personnes transgenres, ainsi que d’autres qui s’engagent dans des modifications corporelles importantes nécessaires à la survie, telles que les handicapés, pourraient être les plus adaptées aux voyages dans l’espace étant donné nos expériences somatiques de transformations xénologiques profondes.
De telles transformations seront probablement nécessaires pour survivre et prospérer à la fois dans les environnements extraterrestres et terrestres futurs. J’explore ces problématiques à travers des projets dans mon laboratoire tranxxeno, un laboratoire de recherche artistique nomade qui étudie les enchevêtrements productifs entre les entités trans et xeno. Avec le premier projet, intitulé “TX-1”, des échantillons de mes médicaments hormonaux de substitution ont été envoyés dans la Station spatiale internationale.
C’était la première fois, à notre connaissance, que des éléments de l’expérience transgenre gravitaient autour de la Terre. Le deuxième projet en cours, “Xenological Entanglements. 001: Eromatase”, examine l’auto-expérimentation, la modification génétique et la recherche en médecine spatiale DIY. Ces projets nous amènent à considérer l’audace de futurs queer et transgenres dans l’espace, des questions d’amélioration au-delà de l’humain qui sont reliées à l’héritage historique du cyborg, et font partie de mes recherches sur la xénologie, ou l’étude, l’analyse et développement de l’étrange, de l’étranger, de l’autre.
Adriana Knouf
Artiste/Auteure/Xénologue ; artiste indépendante
Elle s’intéresse à des sujets tels que les médias humides, l’art spatial, les satellites, la transmission radio, les rencontres non humaines, les drones, les questions queer et trans, l’apprentissage automatique, la voix et la fabrication du papier. Elle est la l’animatrice fondatrice du tranxxenolab, un laboratoire de recherche artistique nomade qui favorise les enchevêtrements entre les entités trans et xeno. Adriana présente régulièrement ses recherches artistiques à travers le monde et au-delà, y compris une œuvre qui a volé à bord de la Station spatiale internationale.
Elle était récemment artiste en résidence dans le programme Biofriction à l’Institut Kersnikova de Ljubljana, en Slovénie. Adriana est actuellement artiste en résidence à Waag à Amsterdam, aux Pays-Bas, dans le cadre du consortium Art4Med. Elle vit et travaille à Amsterdam.
Minna Långström - Exploration Martienne au sein de l'Image. La recherche derrière le film "The Other Side of Mars"
Exploration Martienne au sein de l'Image. La recherche derrière le film "The Other Side of Mars"
Le documentaire The Other Side of Mars présente une discussion sur la virtualité et la matérialité des images, dans le contexte des missions de la Nasa sur Mars et des images associées. Le fait d’être témoin de la relation étroite des chercheurs du Mars Science Laboratory avec le terrain martien lors de la réalisation du film a soulevé des questions sur les promesses et les limites de la photographie, l’interprétation d’un lieu inaccessible via l’imagerie 2D, le rôle de la perception et la valeur scientifique de l’imagerie.
La première rencontre photographique avec la surface martienne a eu lieu il y a quelques décennies à peine, et bien qu’il y ait eu des preuves fiables de l’atmosphère martienne et des conditions de surface parlant contre ces formes de vie, il a fallu une photographie orbitale pour enfin régler les dernières ambiguïtés restantes sur cette question. L’histoire de l’exploration de Mars, en particulier, est pleine d’hypothèses colorées par nos désirs, qui ne se sont en aucun cas terminées avec les premières images photographiques (réalisées par télescope ou vaisseau spatial) de la planète.
Depuis les débuts de la photographie martienne, les appareils photo et autres technologies photographiques sont devenus une partie de plus en plus omniprésente des divers types d’outils dont les vaisseaux spatiaux sont équipés. Aujourd’hui, la NASA dispose d’unités entières consacrées à la photographie scientifique, et les diverses applications de l’image en tant qu’outils de plus en plus complexes font que l’imagerie elle-même émerge comme une science à part entière. La recherche de base et le matériel accumulé pendant la production du film sur la photographie martienne peuvent également porter une discussion plus large sur notre relation passée, présente et future aux images en général.
Plusieurs des chercheurs et ingénieurs interrogés pour le film sont des femmes, et une partie de la recherche de fond a été consacrée à l’histoire des femmes dans l’astronomie et l’exploration spatiale, et à ce que sont aujourd’hui les conditions pour les femmes dans ces domaines.
Minna Långström
Artiste, cinéaste, MFA
Minna Långström est une artiste des médias et une cinéaste qui vit et travaille à Helsinki, en Finlande. Son travail artistique se compose d’installations cinématographiques participatives, de courts métrages et de documentaires. Ses processus de travail reposent largement sur des recherches de fonds et une approche interdisciplinaire. Son dernier film The Other Side of Mars (56 min, 2019) l’a mise en contact avec des géologues, astrobiologistes et ingénieurs de la Nasa impliqués dans les missions actuelles sur Mars. Présenté en première au DocPoint Documentary Film Festival 2019 et projeté dans des festivals du monde entier, le film examine le rôle des images dans ces missions. Ses précédents films et œuvres d’art ont été sélectionnés dans de nombreux festivals de cinéma et exposés dans des musées tels que le Kiasma Museum of Contemporary Art et Frankfurter Kunstverein et dans des galeries telles que la galerie InterAccess à Toronto. Långström a été maîtresse de conférence en image en mouvement à l’Académie des beaux-arts d’Helsinki 2008-2012, où elle a également développé des concepts de cours reliant de manière critique l’art des médias, la science et la technologie. Elle a été artiste en résidence à FACT, Liverpool, IASPIS, Stockholm et Space Studios for Art and Technology à Londres.
http://www.minnalangstrom.net
https://napafilms.fi/mars-kuvien-takaa-the-other-side-of-mars-2019/
Vidéos de la rencontre, sur YouTube ci-dessous ou sur Vimeo.
Galerie
Organisateurs et partenaires
Journée d’étude sous la direction d’Annick Bureaud et Manuela de Barros
Co-organisée par :
– le Laboratoire TEAMeD de l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
– l’Ecole Universitaire de Recherche ArTeC, Leonardo/Olats et le CNEAI
En partenariat avec :
La Diagonale Paris-Saclay, FEMeeting$
Avec le soutien de :
Fondation Daniel et Nina Carasso, Centre Culturel Canadien.
Ce travail a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence nationale de la recherche au titre du programme d’Investissements d’avenir portant la référence ANR-17-EURE-0008.
Leonardo/Olats
Observatoire Leonardo des Arts et des Techno-Sciences
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